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Expéditions


Laponie finlandaise 2007

 

En janvier 2005, j'avais rencontré des mushers ( conducteurs de traîneaux ) dans une station de ski des Pyrénées. Je leur avais demandé si pour eux, le fait d'être déficient visuel était une barrière à la pratique du traîneau à chiens. Ils m'avaient répondu qu'ils n'en savaient rien et que si je le souhaitais, ils étaient d'accord pour me faire faire un essai dans les cols des Pyrénées la semaine suivante.
Cet essai fut concluant.
Comme ils étaient également basés en Laponie finlandaise, sur les bords du lac Inari et que je suis un passionné du Grand Nord, je leur avais donc demandé, si c'était possible de réaliser un raid à traîneau à chiens là-haut dans le Grand Nord
Deux ans plus tard, je réussissais à partir une semaine ( du 7 au 14 avril 2007 ) et de les rejoindre à Nellim, village Lapon sur les bords du lac Inari, afin de mettre en pratique et en conditions réelles ce que j'avais appris dans les Pyrénées.
Une nouvelle fois l'essai fut concluant et mon projet " Un malvoyant au pays des 1000 lacs ", a pu être réalisé en mars 2008.

 

 


13/04/2016
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Laponie finlandaise 2008

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01/03/2008, le rêve devient réalité.
Enfin, nous voila partis Thémis et moi vers ces immensités blanches dont je rêvais depuis mon enfance.
Arrivée 19 h 30 à Ivalo, l'équipe m'attendait.
21 h arrivée à Nellim, 320 km au-dessus du  cercle polaire.
Départ le 03 mars pour notre raid de 370  km  sur et entre les 3318 îles du lac Inari gelé.
Des  étapes entre 35 et 50 km / jour.
Départ de Nellim direction Kärpäsaari, puis Pisteri, Sevettijärvi (où nous avons dormi sous tente par -30°), 2 jours de repos à Suolistaipale afin de réaliser quelques images mais surtout pour faire reposer les chiens. Puis retour par Pisteri, Kärpäsaari, Sarminiemi, et Nellim. 
12 jours de bonheur intense, 12 jours où le froid vous gèle la moustache, 12 jours dans un monde de silence impressionnant uniquement brisé par le craquement de la glace ou par les aboiements des chiens au moment des repas, ou le matin quand ils nous voyaient arriver avec les harnais et qu'ils sentaient que le départ était proche, 12 jours sur ces immensités blanches que j'avais tant rêvé et espéré.
Dans la vie de tous les jours, on remet souvent les choses à demain et comme la vie nous réserve pas mal de surprises, bonnes ou mauvaises, je pense qu'il vaut mieux faire les choses dès qu'on peut.
Une erreur : Avoir attendu d'être déficient visuel pour réaliser cette aventure.

29/06/2016
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Islande 2010

L'Islande à pied du Nord au Sud

 

Traversée de la Nyidalur.jpg

 

Imaginez que vous marchez sur une route et que vous n’entendez que le son d’une canne blanche qui frappe le goudron. Imaginez que vous êtes parti traverser un pays : l’Islande,mais que de ce voyage vous ne verrez rien, ni le ciel ni la terre, aucun visage, aucun paysage.

Cette maladie rare et évolutive,  nommée choroïdite multifocale bilatérale, vous a rendu aveugle, et bientôt c’est à votre ouïe qu’elle s’en prendra. Ainsi, vous ne percevrez plus dans le lointain les heurts de votre canne sur le bitume, le chant des torrents, des cascades ou le son du vent fouettant votre visage. Que vous restera-t-il alors pour apprécier l’univers qui vous entoure ?

Georges Nicolas est allé chercher la réponse à cette question au bout d’un effort surhumain, butant sur chacun des cailloux jalonnant son chemin, ne distinguant du pays traversé qu’un décor en noir et blanc.

 

Sur la F26.jpg

 

Georges marche agrippé à mon bras comme il tient habituellement le harnais de sa chienne guide Thémis. Nous n’avons pas pu l’emmener avec nous pour cette expédition et je deviens les yeux de mon compagnon. Je lui indique les obstacles du terrain et lui décris les zones visitées.

Nous quittons Husavik, ville départ de notre voyage. L’air marin du port des pêcheurs islandais, venu de l’océan des baleines où se confondent l’Atlantique Nord et la mer Arctique, s’atténue sur la route qui mène à l’intérieur des terres.

Nous empruntons la piste F26 qui traverse l’Islande du Nord au Sud, sur près de 300 kilomètres. Qu’importent les distances accomplies. L’essentiel n’est-il pas ce voyage peu banal, vécu ensemble, avec nos deux perceptions différentes de ce drôle d’univers que nous pouvons partager ? Cette différence de perception nous donne parfois l’impression de vivre cette aventure chacun de notre côté, comme si la non-voyance de Georges nous séparait de mille lieues.

 

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​Vingt jours après notre départ, le chahut des vagues au bout d’une vaste plage inspire la fin du voyage. Au sommet d’une butte se profile à l’horizon la bande éblouissante de l'océan agité. Georges se tient à sa canne. À la senteur des effluves marines, il ne peut s’empêcher d’éclater en sanglots, tant l’effort pour atteindre ce but a été éprouvant.

Je lui demande alors : “ Depuis que tu as perdu la vue, qu’est-ce qui t’aide à avancer ? ” Il me répond : “Je marche pour ma femme, mes 2 fils, mes petites filles, ma famille, et mes amis. Je ne connais pas le visage de mes petites filles, je ne le connaîtrai jamais, mais je me l’imagine...”

 

Texte de Philippe Sauve


30/06/2016
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